Le metaverse, révolution numérique ou honteuse arnaque ?

Lorsque le téléviseur a été inventé puis popularisé dans la majorité des foyers du pays, nous n’avons pas vu la radio disparaître. Un saut technologique ne prévaut pas nécessairement un changement dans les usages, c’est pourquoi il est naturel de se demander à l’heure actuelle si les promesses du Metaverse ont de quoi tenir la route.

Reprenons les bases du metaverse

Le jeudi 28 octobre 2021, Marc Zuckerberg, fondateur de Facebook, annonce le changement de nom de sa célèbre société par Meta. C’est l’occasion pour lui de présenter sa nouvelle ambition : promouvoir le metaverse à travers de nouvelles plateformes numériques de réseaux sociales. L’événement n’a pas manqué de faire réagir et d’interroger sur ce nouveau concept — a priori. Entre les enthousiastes et les septiques, il est pourtant difficile d’avoir une idée précise de l’avenir que nous réserve ces univers virtuels et parallèles.

Le coup médiatique et la campagne de communication de Facebook est remarquable, on ne peut en douter. Elle nous ferait presque oublier que les metaverse n’ont rien de nouveau, que ce soit dans notre imaginaire ou bien même accessible actuellement. Tout naturellement, on pense au récent film de Steven Speilberg nommé Ready Player One sorti en 2018 (adapté du roman Player One d’Ernest Cline, paru en 2011) décrivant un futur répugnant où la seule évasion crédible pour ses habitants semblent être l’accès à un univers virtuel. Bien plus tôt en 1982, le film TRON donnait à voir le voyage dans la machine et une représentation graphique originale pour l’époque de l’immersion digital.

Quant aux possibilités actuelle de plonger dans un univers virtuel de manière immersive, on a vu naître une série d’application et jeux suite à la commercialisation des premiers casques de réalité virtuelle. Et il se trouve que parmi toutes ces créations, certaines de rap prochain et déjà du metavers. Il existe notamment cette application bien étrange VR CHAT s’approchant des trois millions d’utilisateurs. Plonger dans ce monde est une expérience déconcertante : la limitation technique des déplacements, les qualités graphiques, les conséquences d’une séance trop longue ou intense fond de ce jeu des séances épuisantes. Néanmoins, c’est surtout l’interaction avec ses utilisateurs qui ne peut laisser de marbre. C’est la représentation même d’internet avec sa diversité graphique entre cartoon, manga, réalisme, caricaturale et bien d’autres, mais surtout avec ses troll. Les noms d’oiseaux et blagues graveleuses sont monnaies courantes et peuvent rebuter les plus prudes.

« J’ai eu énormément de mal à dormir, j’ai eu la nausée, j’avais le coeur qui battait très vite. Et tout ça parce que j’ai passé trop de temps dans un monde où on se déplace sans vraiment savoir où on va.»

Nicolas Lellouche Extrait de « On a passé UNE SEMAINE dans le MÉTAVERS et on en a DÉJÀ MARRE », la chaîne Youtube de Numérama, 30 mars 2022

Qu’en est-il du metaverse de facebook ?

Les univers virtuels, qu’ils soient immersifs grâce à un casque ou non existent donc belle et bien. Le défi de Meta est d’une autre taille. Réguler et administrer sera indispensable pour créer l’image que donne à voir Marc Zuckerberg de ces formes de paradis virtuels. Comparé au bazar visuel qu’est un VR CHAT, le meta est pour le moment représenté par des environnements très doux et aseptisés. L’objectif serait même de reproduire des répliques 3d utilisateurs, afin de coller à la promesse d’origine de Facebook : toi, moi, nous, notre moi réel répliqué sur internet. À côté de ça, l’objectif de la société est évidemment d’y ajouter des contenus commerciaux pour créer de nouveaux marchés et donc de nouvelles offres.

Miniature youtube de la presentation de mark zuckerberg du metaverse
Extrait vidéo de la présentation du projet de metaverse de l’entreprise Meta par Mark Zuckerberg © Meta

Et du coup ? Révolution numérique ou honteuse arnaque ?

Peut-on et doit-on s’attendre à une révolution dans les moyens de communication à travers le monde ? Je crois que l’on peut sérieusement en douter. Premièrement, tant que les outils ne se seront pas améliorés techniquement pour rendre l’expérience de réalité virtuelle moins fatigante, le metaverse ne prendra pas.

Voyons un exemple simple, sur les téléphones mobiles, cela fait longtemps que les appels ne sont plus le medium de communication préféré. Un quart des personnes dans les pays développés ne passeront aucun appel téléphonique dans la semaine qui vient. La discussion par caméra en face en face en directe est loin derrière. Et pourtant, c’est sans doute l’un des moyens technologiques de communication les plus évolués que nous avons aujourd’hui. Or il existe de nombreuses raisons pour lesquels, un simple message SMS est plus adéquate : pour aller plus vite, pour éviter d’être trop déconnecté de la vie réelle, pour gaspiller moins de batterie ou bien parce qu’on n’est pas présentable en vidéo. L’appel téléphonique est parfois même considéré comme intrusif. Au final, nos discussions ressemblent bien plus aux conversations épistolaires qu’au long appel téléphonique des années 1990. La promesse technologique d’un monde numérique révolutionnaire sous le metaverse ne prouve en rien qu’il sera adopté par les internautes dans le monde.

Enfin, le succès commercial du metavers semble déjà compromis : les prix des terrains virtuels ont chuté de 80% en moyenne en 2022. Les volumes d’échange des NFT ont chuté de 97%. L’univers de la cryptomonnaie semble aussi subir ses pires crises les unes après les autres. C’était bien sûr ces acquis que le metaverse souhaitait s’appuyer pour s’imprégner dans la société.

Graphique montrant la chute des prix des terrains virtuels entre janvier 2021 et juin 2022

Enfin, dernièrement avec l’essor des intelligences artificielles, la maison mère Meta annonce mettre de côté son projet pour investir massivement dans ce nouvel eldorado technologique poussé par les prouesses de ChatGPT et OpenAI. On pourrait évoquer bien d’autres facteurs qui peuvent entraîner l’échec des metavers, comme celui du changement climatique. Néanmoins, le projet doit vous sembler déjà bien instable. On suivra néanmoins son évolution avec curiosité.

par Julien Roussel

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